Entre Colmar et le livre, l’histoire commence peu après la naissance de la cité en tant que communauté. Une passionnante histoire de monastères, de progrès technique, d’alphabétisation, de legs et de restaurations. En voici quelques chapitres…
Le Moyen Âge : des débuts manuscrits
Dès le 13e siècle, les Dominicains, Franciscains puis Augustins fondent leurs couvents, placent le livre au centre de leurs occupations et constituent d’amples bibliothèques alimentées notamment par la copie manuscrite. Austères écrits de travail ou livres somptueusement décorés, quelque 250 manuscrits de cette lointaine époque sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque des Dominicains.
De la Renaissance à la Révolution française : le livre sort des cloîtres
Dans les années 1450, Gutenberg met au point l’imprimerie : Strasbourg et Bâle deviennent rapidement de grandes places d’édition… les Colmariens instruits en profitant évidemment pour se procurer de nombreux volumes.
Il aurait même existé à Colmar, au début du 17e siècle, une bibliothèque publique créée par la Ville : une innovation à l’époque ! Des mentions de propriété de certains ouvrages le laissent penser… Dans une lettre de novembre 1753, Voltaire se félicite de disposer ici de riches ressources pour son travail d’écrivain : « J’ai trouvé à Colmar des avocats, gens d’un mérite solide, communicatifs, qui ont de belles bibliothèques… ».
Naissent aussi peu avant la Révolution des cercles de réflexion et une forme d’opinion publique. Dotés de bibliothèques, ces clubs réunissent les élites locales pour débattre des sujets d’actualité, et notamment des nécessaires réformes de l’État.
Durant ces quelque trois siècles, le livre sort des cloîtres et prend une place de plus en plus large dans la vie de la cité et de ses habitants, l’alphabétisation gagnant dans le même temps du terrain ! Des volumes témoins de cette large diffusion se trouvent, aujourd’hui, dans les collections de la Ville, justifiant pleinement la
formule de l’historien Georges Livet : « Colmar, la ville des bibliothèques ».
19e et 20e siècles : le livre en héritage…
La Révolution de 1789 provoque la confiscation des biens du clergé et des émigrés, de nombreuses collections haut-rhinoises se retrouva alors concentrées à Colmar. Environ 40 000 volumes sont stockés dans des conditions déplorables, avant que ne soit fondée, en 1803, la Bibliothèque municipale.
C’est à la fin du 19e siècle que ses fonds s’accroissent réellement, grâce à des dons notables. Citons en particulier celui d’Ignace Chauffour : un legs de 25 000 volumes ! Mais c’est seulement après la Première guerre mondiale que la Bibliothèque municipale s’ouvre à un public plus large que les seuls érudits et s’installe en 1951 dans l’ancien couvent des Dominicains.
La réouverture prochaine des Dominicains permettra au public d’approcher, dans un cadre d’exception, de somptueux ouvrages anciens sur 500 m2 d’exposition permanente : un petit échantillon des 260 000 documents patrimoniaux abrités dans notre ville, tous témoins de ce passé multiséculaire…