Lieux d’intenses échanges commerciaux, nombreuses sont les villes du Rhin Supérieur médiéval à se doter d’un Kaufhaus, ou Koïfhus. Colmar ne fait pas exception à la règle, et c’est dès 1370 qu’est mentionnée l’existence d’un premier lieu de ce type. L’Histoire le délaissera, pour offrir à notre centre-ville un second Koïfhus.
Organiser le commerce
1370 : Colmar souhaite, à l’instar des autres municipalités de la région, profiter d’un lieu « en dur » et surveillé en permanence pour ses activités de douane, de dépôts des marchandises importées et de halles de marché. Ce premier bâtiment est situé à proximité de celui que nous connaissons.
En 1450 débutent les travaux de construction de l’édifice actuel, achevé en 1480. En témoigne l’inscription sur bandeau tenu par une sculpture d’ange, toujours visible sur sa façade sud ! Deux bâtiments contigus sont ajoutés au cours du 16e siècle. Le Koïfhus actuel est né…
Intensivement vôtre…
Les registres de comptabilité ou Kaufhausbücher, conservés aux archives municipales, témoignent de l’intense activité commerciale et économique du Koïfhus colmarien !
Trois administrateurs y officient sous la présidence d’une commission : l’Umgelder perçoit les transactions liées au commerce du vin (Umgeld), le Salzmeister est en charge de l’approvisionnement et de la vente de sel, et le Zoller encaisse les droits de douanes. Un bureau des poids et mesures et deux courtiers complètent ce personnel. La surveillance et l’entretien du bâtiment sont gérés par un concierge. L’Histoire retient à ce propos qu’en 1771, le concierge du Koïfhus n’est autre que…le père du futur général Rapp.
S’il centralise les recettes et les dépenses de Colmar, le Koïfhus revêt également un rôle
administratif et politique ! Dans la grande salle à l’étage, où se réunissaient les conseils de la ville, les vitraux ornés des armoiries des villes de la Décapole rappellent cette vocation.
Et la Révolution entre en scène…
La Révolution met fin aux privilèges commerciaux et le rez-de-chaussée du Koïfhus, perdant sa vocation première, est dès lors utilisé à d’autres fins : salle de spectacle vers 1840, Chambre de commerce et d’industrie entre 1870 et 1930 (avant l’installation de celle-ci sur la place de la gare) mais aussi, et entre autres, école catholique de garçons à la fin du 19e siècle…
Le Koïfhus, un patrimoine d’importance
L’on songe vers le milieu du 19e siècle et au vu de son état alors préoccupant à le démolir pour ériger à sa place un théâtre municipal et un hôtel de ville. Le projet reste heureusement lettre morte et est remplacé par une première campagne de restauration, menée dès 1895.
Il faut dire que la Ville de Colmar a très tôt compris l’importance historique et patrimoniale de l’édifice, plus ancien bâtiment civil de son territoire… importance confirmée par l’inscription de l’intérieur du Koïfhus aux Monuments historiques en 1930 !
Les restaurations se succèdent depuis : entre 1984 et 1986, des travaux intérieurs d’aménagement transforment notamment le bâtiment en centre événementiel.
1370 | première mention du Koïfhus de Colmar
1450-1480 | construction du bâtiment actuel
Vers 1840 | projet de démolition
1870-1930 | Chambre de commerce et d’industrie
1930 | inscription aux Monuments historiques