Les citrouilles creusées se multiplient sur les rebords de fenêtres. Bientôt, des hordes de petits monstres vont sonner aux portes pour réclamer des bonbons. Pas de doute possible, c’est déjà Halloween ! Vous avez passé l’âge d’arpenter les rues en déguisement de squelette mais vous souhaitez malgré tout profiter de cette fête chez vous ? Aucun problème, le Pôle Média-Culture (PMC), à Colmar, vous propose une sélection de films, d’albums et quelques livres.
Tout d’abord, un peu de lecture…
Si vous souhaitez vous mettre dans l’ambiance, ou pour ceux d’entre vous ayant un goût pour l’ésotérisme et la magie, nous vous proposons Le Petit Larousse illustré des arts occultes de S. Elizabeth. Issu du fonds de livres d’art de l’espace Musique, Cinéma et Arts (2e étage du PMC), cet ouvrage est un recueil iconographique qui prend le parti de rassembler différentes représentations artistiques d’un même sujet ‘’occulte’’ pour en dresser un historique : signes du zodiaque, alchimie, spiritisme, invocation… tout y passe, de dessins de l’an 612 aux œuvres de Kandinsky, Mondrian, Lichtenstein, et bien d’autres.
Son ombre hante le celluloïd et les cauchemars depuis 1922. Ses oreilles sont aussi pointues que ses dents et ses griffes. Librement adapté du classique de Bram Stoker, il est le premier suceur de sang porté à l’écran. Vous l’avez ? Depuis peu, Nosferatu vampirise nos bacs de bandes dessinées sous le crayon et la plume de Mark Fontanili. Le concept ? Donner vie au Comte Orlok du film (et au film lui-même) de Friedrich Wilhelm Murnau. L’auteur propose un récit méta totalement fou, dans lequel le vampire déroule avec ses doigts griffus la pellicule du film et s’observe photogramme par photogramme (faute de pouvoir voir son reflet dans un miroir !) jusqu’à se perdre (ou tenter de s’échapper ?) dans son propre récit. Le roman graphique prend à bras-le-corps l’esthétique expressionniste : décors distordus, perspectives irréalistes, jeux sur le contraste et les ombres. Selon les strates du récit, les traits de Nosferatu varient, tantôt anguleux et saillants, géométriques, tantôt arrondis et doux. Nosferatu : par-delà l’horreur et la mort surfe sur l’aura du chef d’œuvre de Murnau et, en offrant un hommage à dominante visuelle, Mark Fontanili parvient à en cristalliser le caractère mystérieux.
A vos télécommandes… prêts ? Partez !
Il a donné au film de zombies ses lettres d’or tout en posant le cadre du film d’horreur à petit budget : (re)découvrez le cinéma de George A. Romero ! Célèbre pour sa trilogie consacrée aux morts-vivants (La nuit des morts vivants, Zombie et Le jour des morts-vivants, sortis respectivement en 1968, 1975 et 1985). La force de son cinéma réside dans le sous-texte politique et social totalement assumé : ses films sont le miroir des peurs, contradictions et doutes de leur époque. Le réalisateur et scénariste américain, qui nous a quittés en 2017, s’est aussi aventuré du côté de la sorcellerie et de la folie. Ainsi, retrouvez dans notre sélection Season of the Witch (1973), qui raconte l’initiation de Joan Mitchell aux arts obscurs à mesure qu’elle cherche à s’échapper de son quotidien de femme au foyer et à s’émanciper de l’emprise de son mari. Sorti la même année, The Crazies (ou La nuit des fous vivants) met en scène les dernières heures d’une ville après la contamination accidentelle de sa réserve d’eau par une arme biologique.
Classique parmi les classiques, Fog (1980) est aussi un film de revenants, mais à défaut de zombies John Carpenter privilégie les marins fantômes en quête de vengeance. Tout débute à l’aune du centenaire d’Antonio Bay, petit village côtier, sur lequel vient s’abattre un mystérieux brouillard. Très vite, les habitants se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond, et certains n’en ressortiront pas vivants. Au casting, on croise notamment Jamie Lee Curtis (que John Carpenter a déjà dirigée deux ans auparavant dans son célèbre Halloween : la nuit des masques) et sa mère Janet Leigh (célèbre pour son rôle dans Psychose d’Alfred Hitchcock). Le réalisateur signe par ailleurs la bande originale du film.
On n’oublie pas la musique !
Puisqu’il serait malvenu de ne pas terminer sur une note musicale : venez emprunter la meilleure bande-son de vos pires cauchemars…
Frank Zappa, Halloween 77 (1977
« You don’t want a regular Halloween, do ya? »
Enregistré les 30 et 31 octobre 1977 au Palladium (New York), ce live est la bande-son ultime de votre soirée d’Halloween. Musicalement, on est sur du Zappa pur et dur, autant virtuose qu’il n’est déjanté, voire possédé ! Solos de guitare monstrueux et interminables, chaos sonore, complaintes fantomatiques, lamentations mélodiques : le multi-instrumentiste nous régale de son inclassable jazz-rock-fusion progressif, psychédélique et avant-gardiste. En interagissant régulièrement avec le public, Zappa revient aux fondamentaux des deux expériences collectives que sont le concert et Halloween. Les musiciens s’amusent comme des enfants à improviser des scénettes d’opéra factices (accessoires à l’appui) et le public jubile. Notes lugubres jouées à l’orgue, rires démoniaques, voix suraigües, synthétiseurs aux sonorités kitsch… il n’en fallait pas plus pour créer un Halloween inoubliable.
Petit bonus, la pochette de l’album donne de chouettes idées de décoration : bonbons multicolores, faux rats, chauves-souris, araignées et squelettes en plastique, fausses mains tranchées, toile d’araignée…
The Shining : Original Soundtrack (1980)
Une petite B.O. ? Et pas n’importe laquelle : la bande originale du cultissime Shining de Stanley Kubrick, adapté du roman de Stephen King. Naturellement, tout commence avec le thème principal du film, réinterprétation d’un air d’Hector Berlioz au vocodeur par Wendy Carlos et Rachel Elkind. Ayant déjà collaboré avec Kubrick sur Orange Mécanique (1971), Carlos est une pionnière de l’utilisation des synthétiseurs (elle a notamment repris plusieurs pièces classiques de Bach, Purcell et Beethoven ; on lui doit aussi la B.O. de Tron). Ce thème d’ouverture est imposant, mystérieux, vibrant. Il convoque une lourdeur qui met d’emblée l’auditeur dans un état d’inquiétude croissante. “Rocky Mountains”, également par Carlos et Elkind, est plus planant (non moins mystérieux), rappelant les textures des contemporains Vangelis et Tangerine Dreams. Les morceaux suivants sont des pièces de musique moderne et contemporaine (on sait Kubrick fin connaisseur de musique classique) de György Ligeti, Béla Bartók et Krzysztof Penderecki. On y retrouve les poncifs de la musique inquiétante ou étrange : dissonances et tendance à l’atonalité, rythmes syncopés, pizzicato de cordes (Psychose n’est pas loin), aigus stridents, percussions incongrues… Bref, le cocktail idéal pour un film d’horreur. On notera en passant que William Friedkin a aussi eu recours à la musique de Penderecki pour L’Exorciste (1973). Enfin, le disque se conclut sur un contrepoint avec le dansant “Home”, morceau de jazz de Henry Hall.
John Carpenter, Lost Themes III : Alive After Death (2021)
Nous le disions plus tôt, John Carpenter n’est pas seulement réalisateur. Outre la kyrielle de musiques de film composées entre 1970 et 2025, Carpenter a signé quatre volets de Lost Themes, bandes originales de films inexistants (qui sait, peut-être un jour ?). Étant l’un des maîtres de l’épouvante, le thème était tout trouvé : Carpathes, cimetières, squelettes, vampires, fantômes… Vous en faut-il plus ?
Entre synthwave et techno, Carpenter (accompagné de son fils Cody et de Daniel Davies) nous embarque dans un voyage fantastique à base de nappes planantes de synthétiseurs et d’orgue, de basses épaisses et de boites à rythme. Si vous cherchez une atmosphère froide et sépulcrale, vous savez quoi écouter.
Bien évidemment, cette liste n’est pas exhaustive : on vous réserve quelques surprises… À vous de venir les découvrir (si vous l’osez !) au Pôle Média-Culture.
Plus d’infos : bibliotheque.colmar.fr
Vous voulez enrichir votre culture générale, faire des découvertes ? Le Pôle média-culture Edmond-Gerrer (PMC) Edmond Gerrer, à Colmar, dispose d’un large de choix de livres, DVDs, CDs et vinyles à emprunter. Toutes les informations sur bibliotheque.colmar.fr
Contact : 03 89 20 68 70 ou par mail : bibliotheque@colmar.fr