Le Colmarien, ancien footballeur, fort de son expérience de journaliste sportif représente dorénavant une nouvelle plume du polar. Lancé dans l’aventure de l’écriture, il nous offre un roman dont l’intrigue se déroule dans le monde du football, un milieu qu’il connaît bien et ce, au cœur de la ville de Colmar.
Dans son polar, Jean-Marc Butterlin nous fait découvrir son personnage central, Gjurd Hammerschmitt (savant mélange alsacien et norvégien) qui est capitaine de police à Colmar. Un meurtre est commis sur la personne d’Éric Meyer, une idole locale du football.
L’enquête se déroule dans les rues de Colmar, ville au riche patrimoine que Jean-Marc adore et souhaite faire découvrir à ses lecteurs pas forcément alsaciens.
Les Champs impurs doit son titre au quartier des Maraîchers dont est issue la famille de la victime du meurtre. Édité en mai 2025, le polar fait son chemin et Jean-Marc, dans un style fluide et abordable mais vif comme la piqûre du froid de la neige qui tombe sur les terres maraîchères, emmène son lecteur sur les traces historiques de sa ville natale en lui faisant découvrir ses lieux emblématiques lumineux dans un roman bien noir…
Lorsqu’il s’agit de « promener » son lecteur, l’homme s’y connaît, en vieux renard des surfaces qu’il est, en effet il l’entraîne dans son intrigue là où il le souhaite et en joueur expérimenté il met un but là où on ne l’attendait pas !
Du lycée Bartholdi au journal L’Alsace
En 1973, Jean-Marc a 19 ans et après avoir choisi une classe avec option espagnol au lycée « parce que c’était une classe où il y avait des filles » plaisante-t-il, il débute des études de journalisme et à côté de cela devient pigiste au journal L’Alsace pour gagner quelques sous. On lui propose rapidement de s’occuper des rubriques locales à la rédaction. Le choix est vite fait, adieu les études et Jean-Marc entre dans le vif du sujet. Faire partie d’une équipe de 10 à 15 personnes c’est comme faire partie d’une équipe de foot et pour ce footballeur passionné, c’est une expérience humaine follement enrichissante.
Il va passer ainsi notamment de l’actualité colmarienne aux évènements phares comme la Foire aux vins. D’ailleurs il raconte une anecdote marquante pour lui avec l’incendie de la FAV dans la nuit du 9 août 1979, où les journaux ont titré « un brasier de 15 000 m2 ». Ce fut l’occasion pour la rédaction de se réunir en conseil de guerre à 2h du matin afin de sortir une édition spéciale avant tous les autres journaux ! À ce moment-là, L’Alsace se positionne en pole position sur le terrain de l’information !
Dans les années 81/82, Jean-Marc sera rattaché à la rédaction du service des sports à Mulhouse, un lien logique avec son parcours sportif. Il en deviendra même le responsable en 1990. L’histoire va plus loin, puisqu’en 1999, il rejoint le comité rédactionnel du quotidien « L’Équipe » à Paris.
Notre chef d’édition est cependant en manque « d’écriture », en 2001 il repart sur le terrain en s’intéressant au football allemand et en 2006 à l’équipe de France avec la coupe du monde.
Le globe-trotter arpentera pendant 15 ans l’Europe pour les championnats et le reste de pays pour les matchs de coupe du monde. Polyglotte, il trouvera son équilibre entre rencontres et écriture.
Si tous les chemins mènent à.…Colmar, c’est là qu’il revient pour sa retraite. Enfin retraite, c’est un grand mot ! Le personnage bouillonnant se fait recruter par Marc Keller, président du Racing club de Strasbourg, pour prendre en charge les relations presse et la responsabilité éditoriale.
Le temps d’écrire
Jean-Marc a maintenant du temps pour écrire un livre, activité différente de la rédaction d’articles journalistiques. Il a déjà écrit dans sa vie mais c’est un autre défi qui le lance sur la piste d’un meurtrier dans son premier roman. Au début, il n’y a pas d’enjeu pour notre jeune écrivain, l’histoire se déroulerait à Colmar c’est sûr et pourquoi pas dans un polar mais il se pique au jeu. Dans son parcours et jusqu’à l’édition du livre, il sera encouragé notamment par Vanessa Caffin, ancienne journaliste sportive et romancière qui le pousse à poursuivre. Puis c’est Geneviève Perrin, directrice littéraire à la retraite qui va l’aider dans la préparation du livre pour l’édition. Elle a l’œil et l’expertise et sent du potentiel chez Jean-Marc.
Le pari pour moi était de finir mon roman avant Noël 2023, un cadeau, je travaillais sur le projet depuis 2022.
Et puis là tout s’enclenche sans grain de sable dans les rouages. Geneviève Perrin propose le livre à Clarisse Enaudeau, directrice littéraire aux Presses de la Cité. Jean-Marc se voit surpris et chanceux dans cette aventure, heureux de la vraie gentillesse avec laquelle il est traité.
Un mois suffit pour obtenir une version finale des « Champs Impurs », un contrat est signé, la machine est lancée…
L’âme de l’écrivain
« Je suis content d’être présent dans la bibliothèque de mes enfants. Ils m’ont dit qu’ils ne liraient mon livre que lorsqu’il serait terminé alors j’ai bien été obligé de le finir ! »
Avec ces propos humoristiques, l’homme nous dévoile son humilité face au challenge d’aller jusqu’au bout mais où l’enseignement serait peut-être que d’éprouver le chemin de la vie est plus important qu’en atteindre le but. Son personnage taiseux de Gjurd Hammerschmitt (qui ne parle pas le vendredi) est atypique et attachant. Jean-Marc ne fait pas d’amalgame avec lui mais il a voulu mettre en lumière la relation de Gjurd avec sa mère Aagot ; une relation où cette mère ne fait pas de reproche à son fils mais l’accompagne quelques soient les circonstances. « Pour moi, c’est une vraie mère ». Son chapitre préféré étant celui où Gjurd rend visite à sa maman et y retrouve sa chambre d’enfant. Le regret de Jean-Marc est que ses parents décédés ne puissent pas lire son roman, et puis papa était footballeur…
L’homme a choisi d’écrire en toute liberté et si on en revient aux Champs impurs il a fait évoluer ses personnages vers une autre trajectoire au moment où il en a décidé ainsi. En effet, à la page 200 il décide de changer de coupable. Voilà bien une facétie de l’auteur !
Il donne, également, du « vécu » à ses personnages grâce à ses souvenirs empruntés aux lieux qu’il a fréquentés, dont la célèbre winstub « le Cygne » qui l’a tant inspiré.
La nostalgie du football de son enfance l’a conduit aussi à faire revivre le Stade des Francs dans son roman (stade principal de Colmar jusqu’en 2000) au lieu de l’actuel Stadium que tout Colmarien connaît bien. Le SRC s’y nomme aussi « Sporting Colmar ».
« Le foot fut un prétexte pour ce polar mais l’intrigue aurait pu se développer dans un autre contexte » D’ailleurs, Jean-Marc ne s’arrête pas là, il continue de faire vivre ses personnages en écrivant un autre opus qui pourrait bien prendre racine dans le monde …politique !
Ses « petits plaisirs »
– Retrouver ses « vieux » copains les mercredis soir pour jouer au tennis- ballon.
– Déguster une bonne bouchée à la reine, made in Colmar.
– Avoir une préférence pour écrire les journées d’hiver, idéales pour plonger au cœur de l’intime.
Un souvenir très émouvant
Se voir remettre le prix Martini Grand Est du meilleur article sportif dans les années 90 par Jean Egen, illustre journaliste et écrivain alsacien, auteur notamment de l’inoubliable ouvrage « Les Tilleuls de Lautenbach ».
Les champs impurs, paru le 25 mai 2025 (327 pages) aux Presses de la Cité.