Lucas Kling a décroché une médaille d’or et une de bronze en athlétisme aux Global games (championnat du monde de sports adaptés), en juin 2023. Retour sur le parcours incroyable de ce jeune Colmarien, porteur d’autisme.
Pour sa première compétition officielle, aux championnats d’athlétisme du Haut-Rhin de 2021, Lucas Kling avait un désavantage par rapport à ses concurrents. Il ne portait pas les chaussures adaptées (des “pointes”). Le juge lui avait demandé de retirer les siennes, car elles n’étaient pas au bon format. Il a donc chaussé des baskets. Ce contretemps aurait pu déstabiliser Lucas Kling. Au contraire. Le jeune homme a remporté la course…
Cette histoire en dit long sur le tempérament de Lucas Kling, sa détermination infaillible et sa capacité hors-du-commun à surmonter les obstacles. Lucas Kling a le sport dans la peau. Et avec l’athlétisme, il a trouvé chaussure à son pied.
« Des aptitudes pas vues depuis longtemps »
Le jeune Colmarien de 21 ans est suivi à l’Institut Saint-Joseph à Colmar, géré par l’association Adèle de Glaubitz, depuis 2015. À ses débuts, il participe à l’atelier restauration dirigé par Yolaine Baudelin, éducatrice technique spécialisée. Puis, en 2017, il s’inscrit aux cours de sport adapté. Sa professeure d’EPS en Activités physiques adaptées (APA), Emmanuelle Charron, décèle chez lui un beau potentiel, dès le début. « Pour la première séance, on faisait du futsal. J’ai remarqué qu’il avait des aptitudes physiques que je n’avais pas vues depuis longtemps. J’ai entamé la conversation avec lui et il m’a dit : “Je veux être champion du monde.” »
Qu’à cela ne tienne ! L’équipe de l’Institut Saint-Joseph se mobilise autour du sportif pour l’emmener dans cette direction. Grâce à ses éducateurs et ses professeurs, Lucas Kling parcourt un grand chemin, en peu de temps.
« C’est un sportif très polyvalent », continue Emmanuelle Charron. En 2018, il participe aux championnats de France de basket adapté, et la même année, il est champion de lutte adaptée. Lucas Kling est aussi un adepte du crossfit, une activité à laquelle il a été initié par Benjamin Leconte, éducateur sportif en APA.
« Il a un truc en plus »
Mais avec l’arrivée de l’épidémie de Covid-19, les salles de sport ferment. Quand l’Institut Saint-Joseph rouvre, il fait un stage au service des sports. En parallèle, il découvre la course et s’inscrit au club Acolit (Athletic Colmar Liberté Triathlon). Le coach Damien Reitzig le prend sous son aile. Le courant passe bien. « Il me fait confiance et il est très facile à entraîner », assure-t-il. « Son handicap est une force au sein du club. Il fait partie du collectif », souligne Philippe Haebig, président d’Acolit. Car Lucas Kling est porteur d’autisme. « Sa neurodiversité, c’est sa force. Il a un truc en plus, qui brille à l’intérieur de lui », souligne Pauline Spehner, psychologue clinicienne.
Il participe aux championnats de France de para-athlétisme adapté en 2022, où il est fait champion de France au 400 m et au 800 m. « Je préfère les efforts courts et intenses », confesse-t-il.
Quand l’athlète se donne un objectif, il met tout en place pour l’atteindre. Il mène sa vie de sportif tout en se rendant au travail semaine après semaine. « Le matin, je commence à 4h30 dans un hypermarché, et je fais les allers-retours à vélo. Je m’entraîne l’après-midi, quatre fois par semaine, pendant 1h ou 1h30. »
Une rigueur qui a sûrement joué dans sa réussite aux championnats du monde de sports adaptés, qui ont eu lieu à Vichy en juin 2023. Le Colmarien a décroché une médaille de bronze au 400 m et une médaille d’or au 800 m, dans la nouvelle catégorie ii3 (autisme sans déficience).
Cette année et en 2022, le sportif a été mis à l’honneur par la Ville de Colmar dans le cadre de la cérémonie des Trophées des Champions. Pour Lucas Kling, la route semble toute tracée. « Ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on ne peut pas réussir de grandes choses », conclut Emmanuelle Charron.
« Fier et heureux »
Voilà ce que ressent Lucas Kling à la suite de ses victoires aux championnats du monde de sports adaptés. « Pour se préparer à la course, je lui ai proposé un exercice d’imagerie mentale : il devait imaginer chaque geste de la course qu’il allait faire. Il m’a répondu : “en fait, je dois courir avant de courir.” Je me suis dit : oui, c’est exactement ça ! », raconte Emmanuelle Charron, sa professeure de sport.
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