Situé dans le quartier du Ladhof, l’hôtel Beauséjour est tenu par la cinquième génération d’une même famille. Il fêtera ses 110 ans l’année prochaine. Rencontre avec Marie-Odile Keller, gérante, et ses successeurs, sa fille Marie-Caroline Raeth et son gendre Stéphane Rousset qui assurent la direction.
L’histoire de l’hôtel Beauséjour commence en 1913. Sa création s’inscrit dans l’essor du parc hôtelier colmarien, qui a lieu à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. C’est Marie Muller Keller qui fonde l’auberge, avec sa mère Berthe et son mari Jean-Baptiste. Même si Marie est aux manettes, les initiales de Jean-Baptiste sont gravées sur le linteau, au-dessus de la porte d’entrée.
Aujourd’hui, dans le hall d’accueil, le portrait de Marie Keller a une place de choix. Il témoigne de l’héritage laissé par cette femme. Derrière le comptoir, la première licence délivrée à l’établissement, datée de 1913, est affichée.
Entre tradition et adaptation aux attentes actuelles
À l’époque, les Keller choisissent de s’installer rue du Ladhof, à l’écart du centre-ville et des lignes de chemin de fer. Allée napoléonienne jalonnée de platanes, c’est en effet une grande voie carrossable. Le quartier, pas encore urbanisé, est constitué de champs. Mais de nombreux voyageurs l’empruntent.
Pendant les Première et Seconde Guerres mondiales, l’activité fonctionne au ralenti. Dans son histoire, l’hôtel n’a été contraint à la fermeture qu’au moment des confinements de 2020 et 2021, liés à la crise de la Covid-19.
Depuis sa création, la gestion de l’établissement se transmet de génération en génération : Odile et Lucien Keller reprennent le flambeau après Marie et Jean-Baptiste. Puis, en 1972, leur fille Marie-Odile Keller se retrouve seule à la tête de l’hôtel, à l’âge de 25 ans. Sous son impulsion, l’établissement développe une véritable activité hôtelière professionnelle. En 1992, des travaux d’ampleur sont réalisés pour rénover et agrandir l’établissement.
Marie-Odile Keller a aussi observé l’évolution de la clientèle, au fil des décennies. « On accueillait de nombreux techniciens ou ingénieurs qui dispensaient des formations aux ouvriers. Puis la clientèle a peu à peu été remplacée par les représentants… qui restaient parfois un mois ! »
Elle a depuis quelques années laissé la main à sa fille, Marie-Caroline Raeth, et son gendre. « Ces dix dernières années, on a vu les évolutions des modes de vie et de consommation. On s’est adapté au tourisme de ville, qui est très dynamique ».
« C’est l’histoire d’un établissement qui reflète l’histoire d’une terre : la guerre, les changements de langue, l’urbanisation, la désindustrialisation, le développement du tourisme, etc. ». Mais pour Marie-Caroline Raeth, il est important de garder un équilibre entre l’héritage du passé et les exigences du présent.
La transmission, une évidence ?
Malgré la tradition, Marie-Caroline Raeth assure n’avoir jamais été contrainte de reprendre l’établissement. « Mon parcours ne m’était pas prédestiné. Mais j’ai ça dans le sang. J’ai vécu et grandi ici, donc cet environnement m’a influencée. »