Ville d’échanges et de circulations, Colmar est riche d’une grande tradition d’accueil des hôtes de passage.
On connaît ainsi l’existence, dès 1361, d’une hostellerie à la Roseraie (Zum Rosengarten), située dans la Grand Rue. A partir de 1365, on mentionne également l’établissement à la Clef (Zum Schlüssel) connu plus tard sous le nom des Deux Clefs. L’hôtel donne son nom au quartier puis à la rue qui l’abrite. Ce sera la fameuse rue des clefs.
Autre enseigne de renom : la Montagne Noire (Zum Schwarzen Berg), connue depuis le début du 15e siècle. Devenu l’hôtel des Six Montagnes Noires au 17e siècle, il a lui aussi donné son nom à la place où il était édifié. Des hôtes prestigieux y descendent : en janvier 1675, le Maréchal de Turenne et son état-major y sont hébergés, après la victoire de la bataille de Turckheim ; en 1815, le duc de Wellington, vainqueur de Waterloo, y séjourne également… En 1860, l’établissement est vendu, perd sa vocation hôtelière et se voit divisé en plusieurs appartements. En juin 1880, le bâtiment, en proie aux flammes, est complètement détruit.
Le marché hôtelier colmarien prend son véritable essor à la fin du 19e siècle. En 1862, la ville ne compte que quatre hôtels : le Roi de Pologne (rue Stanislas), la ville de Brisach (route de Neuf-Brisach), les Deux Clefs (angle de la rue des Clefs et de la Grand Rue), et les Trois Rois (Grand Rue). En 1914, elle en totalise onze. Cette expansion est notamment due au développement du trafic ferroviaire. En témoigne la construction de plusieurs établissements à proximité de la gare.
Sans surprise, la Première Guerre Mondiale donne un coup d’arrêt à l’exploitation hôtelière. Ainsi, quand le dernier exploitant de l’hôtel des Deux Clefs quitte Colmar pour Fribourg-en-Brisgau en janvier 1915, le bâtiment et ses cuisines sont réquisitionnés par l’intendance militaire allemande. L’établissement ne renaît pas après le conflit et la propriété est reprise par plusieurs enseignes commerciales. L’entre-deux-guerres voit en revanche la création de nouveaux établissements comme l’Hôtel-restaurant le Bristol, construit en 1921 et qui devient en 1932 le Grand hôtel Bristol, ou l’Hôtel du Centre, place de la Cathédrale, qui ouvre ses portes en 1937.
Un parc hôtelier reconnu par la profession
Après la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs établissements prennent le pari de s’installer au sein de bâtiments historiques. C’est le cas de l’hôtel le Maréchal qui, en 1972, s’établit dans une maison patricienne du 16e siècle de la place des Six Montagnes Noires. En 1984, l’hôtel Saint-Martin ouvre ses portes dans la Grand Rue, à la place de l’ancienne auberge de la Roseraie. En 1996, c’est dans la Maison des Têtes, célèbre bâtiment érigé en 1609, que s’ouvre un hôtel de vingt et une chambres.
Apprécié du grand public, le parc hôtelier colmarien est également reconnu par la profession. En 1987, le Grand hôtel Bristol devient ainsi le premier établissement de la ville à recevoir sa quatrième étoile. En 2013, la première cinquième étoile colmarienne est décrochée par l’hôtel de la Maison des Têtes. Avec l’ouverture d’un deuxième hôtel cinq étoiles, l’Esquisse, sur le Champ de Mars en juillet 2021, la ville poursuit son aventure hôtelière, pour le plus grand plaisir de ses visiteurs.