Pour le centenaire du Musée Bartholdi (Colmar), les artistes Iva Šintić et Simon Burkhalter ont investi la salle d’exposition temporaire afin d’y créer le Labo Bartho. Faites vite : leur travail est visible jusqu’au 31 décembre 2023.
L’espace d’exposition temporaire du Musée Bartholdi, depuis novembre 2022, a tout l’aspect d’un laboratoire : d’étonnants instruments y ont pris place. Cette exposition est le travail de deux artistes basés à Mulhouse, Iva Šintić et Simon Burkhalter.
Le Musée Bartholdi, dédié au sculpteur colmarien Auguste Bartholdi, a ouvert ses portes en novembre 1922. Pour fêter son centenaire, deux artistes plasticiens ont aménagé un laboratoire d’expérimentations créatives dans la salle d’exposition temporaire. La résidence s’est déroulée fin 2022 et a bénéficié du soutien de la Collectivité européenne d’Alsace. Cette création, le Labo Bartho, a été la pièce maîtresse des réflexions sur l’avenir du musée. Car, après 100 ans d’existence, ce dernier a l’ambition de se réinventer.
Du pantographe à l’imprimante 3D
Iva Šintić, originaire de Croatie et Simon Burkhalter, qui vient de Suisse, travaillent dans un même atelier à Mulhouse depuis dix ans. Formée aux Beaux-Arts à Zagreb, Iva Šintić sculpte l’argile, la terre mais s’attache aussi au processus artistique, du dessin à la conception de l’œuvre. Simon Burkhalter, quant à lui, a fait des études de design à Bâle. Il crée des « constructions fantastiques, installations, sculptures et structures liées au corps et inspirées par le mouvement ».
L’appel à candidatures du Musée Bartholdi pour la résidence d’artistes les a séduits. Au cours de l’année écoulée, ils ont pu étayer leurs connaissances sur l’œuvre du sculpteur colmarien, auteur de statues monumentales comme la Statue de la Liberté.
« Auguste Bartholdi se posait toujours la question de la manière dont il allait réaliser ses projets et se demandait ce qu’il était possible de faire avec les technologies de son époque », explique Iva Šintić.
« Les visiteurs ont transformé l’exposition »
De tout temps, les sculpteurs doivent appréhender leur réalisation dans l’espace, en volume, à partir d’un dessin ou d’un modèle réduit. C’est pourquoi, dans le Labo Bartho, Iva Šintić et Simon Burkhalter explorent les notions d’échelle et d’espace. Ils mettent en évidence la manière dont certains outils permettent de faire évoluer les dimensions d’une l’œuvre et sa représentation.
Plusieurs pantographes sont mis en avant, des outils déjà utilisés à l’époque d’Auguste Bartholdi, qui servent à reporter des mesures. L’un d’entre eux propose au public de transposer une œuvre en volume sur une feuille de papier, en 2D. Tandis qu’un autre pantographe permet de dessiner son visage, grâce à un miroir accroché au mur… qui est dorénavant tapissé de multiples dessins. Des outils modernes sont aussi présentés, comme une imprimante 3D.
Interactive, l’exposition invite les visiteurs à tester, créer et expérimenter. « Les visiteurs ont transformé l’exposition au fil des mois », se réjouit Simon Burkhalter. « À chaque fois qu’on revient la voir, elle est différente », complète sa collègue.
Des ateliers et échanges au fil de l’année
Au cours de l’année centenaire, le Labo Bartho a été rempli de vie. De nombreuses animations ont eu lieu auprès de différents publics. En particulier, les élèves du cursus préparatoire de l’école d’arts plastiques ont échangé avec les artistes à plusieurs reprises. Iva Šintić et Simon Burkhalter ont également animé des ateliers avec les élèves du collège Hector-Berlioz.
« Les regards d’autres personnes sur notre exposition sont très intéressants, car chacun a un retour différent », assure Simon Burkhalter.
Une forme de collaboration « inédite »
Le Labo Bartho touche à sa fin. « C’était une très belle aventure, qui a commencé par une belle rencontre avec Iva et Simon », déclare Juliette Chevée, directrice du Musée Bartholdi. « Pour le musée, cette forme de collaboration est inédite. »
La proposition des artistes mulhousiens avait beaucoup de pertinence, estime la directrice. « À première vue, le lien entre le travail d’Auguste Bartholdi et celui d’Iva et Simon n’est pas évident. Mais les problèmes auxquels Bartholdi était confronté sont identiques aux problèmes rencontrés par les sculpteurs d’aujourd’hui, parce qu’ils sont universels : comment passe-t-on de l’esquisse au projet final, comment donner une idée de la taille réelle de son projet, etc. ? »
Éphémères, les activités que le Labo Bartho a accueillies laisseront des traces. « L’objectif du Labo Bartho était d’ouvrir le champ des possibles sur la manière de réinventer le musée. Comme un écho au travail d’Iva et Simon, notre prochaine exposition temporaire fera la lumière sur l’aspect technique du travail d’Auguste Bartholdi et de la sculpture au 19e siècle. On donnera aussi une plus grande place à l’interaction avec le public, en testant de nouveaux outils de médiation. »
Exposition de la résidence d’artistes “Le Labo Bartho” jusqu’au 31 décembre 2023.
Accessible avec une entrée au musée (tarif plein : 5€ et tarif réduit : 4€)
+ d’infos : musee-bartholdi.fr
Fermeture annuelle du musée en janvier.
Une nouvelle exposition temporaire est en préparation. Baptisée “La fabrique des statues”, elle sera visible du 20 juin au 31 décembre 2024.