Pascale Riehl est la responsable de la classe immersive français-allemand-alsacien, qui a ouvert en 2023 à l’école maternelle des Tulipes à Colmar. Un défi professionnel enthousiasmant pour l’enseignante qui, petite, a appris à parler l’alsacien avant le français.
C’est une nouvelle matinée à l’école des Tulipes. Il est 8h15, Pascale Riehl accueille ses élèves. En tendant l’oreille, elle s’aperçoit que le jeune Gaël, assis à dessiner, chante en alsacien : « Güede Morje, güede morje… » Elle sourit. Voilà qui est de bon augure.
Grâce au dynamisme de leur enseignante, les élèves baignent dans l’alsacien tout au long de la journée. « Il y a de la joie, de l’émulation », assure Pascale Riehl. Parler cette langue, pour elle, est naturel. « Jusqu’à l’âge de 3 ans, je ne connaissais que l’alsacien. Au début, quand on me parlait en français à l’école, je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi, c’était bizarre. Aujourd’hui, je crois que cela m’aide à me mettre à la place de mes élèves. »
Elle a conscience de la diversité de l’alsacien, ses parlers et ses graphies, et son caractère intrinsèquement oral. L’enseignante de 48 ans est originaire du Bas-Rhin, un petit village appelé Engwiller. « C’est le village de mon père. Ma mère habitait à 5 km, à Griesbach. Pourtant, ils ne parlaient pas le même alsacien ! »
« La possibilité d’expérimenter »
Pascale Riehl possède un DEA (Diplôme d’études approfondies, équivalent du Master) en Géographie. Après diverses expériences professionnelles, elle est entrée à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM). Pendant une dizaine d’années,
Pascale Riehl a enseigné en classe monolingue, en maternelle. Puis en classe bilingue allemand-français
LCR (Langue et culture régionales) à Ammerschwihr. « Il y a 3 ans, le rectorat a transmis un questionnaire aux enseignants concernant notre intérêt pour l’alsacien. J’y ai répondu dans le quart d’heure ! »
L’opportunité d’enseigner sa langue régionale était trop belle.
Elle a ensuite été nommée à l’école des Tulipes à l’ouverture de la classe immersive en 2023. « Personnellement, cela m’apporte une joie profonde ! Et sur le plan professionnel, c’est un sacré challenge ! J’ai la liberté de créer mon propre outil de travail et la possibilité d’expérimenter. »
« Je pense qu’il faut rester curieux et ouvert à nos racines », conclut-elle.
Ses endroits préférés à Colmar ?
Le Koïfhus et la place Rapp à Noël en 2024, qui s’est transformée en village féérique.
Sa personnalité alsacienne préférée ?
Le musicien et pédagogue Nicolas Fischer, qui a « fait un vrai travail d’accessibilité de l’alsacien pour les enfants. » Il a créé les supports “Mukki-Mükki” spécialement pour les classes immersives.
Son influence musicale du moment ?
La chanson “Corps” d’Yseult.
Une première en Alsace
Depuis la rentrée 2023, l’école maternelle Les Tulipes accueille une classe immersive où les apprentissages se font en 3 langues : alsacien, allemand et français. Ce parcours baptisé “Tomi Ungerer” est une première historique en Alsace. Il concerne 4 écoles en Alsace dont celle de Colmar. Caroline Loewert, la directrice de l’école Les Tulipes, s’en réjouit. Pour l’année 2024/2025, 17 élèves sont inscrits.