Les quartiers Europe et Saint-Vincent-de-Paul se métamorphosent au fil des années et des opérations de renouvellement urbain. Ce n’est pas fini : la Municipalité continue d’investir dans ces quartiers. à Saint-Vincent-de-Paul, en particulier, le renouvellement urbain se poursuit.
Mais on ne peut réduire ces quartiers à une suite d’immeubles et de grands projets.
Ce sont aussi des endroits qui vivent. Et ce, grâce aux habitants, qui prennent des initiatives, s’approprient les équipements et donnent leur avis. On le voit à la salle de spectacles Europe, au centre socioculturel, où jeunes et adultes rient, échangent et apprennent. Mais aussi au marché, dans les associations, ou tout simplement dans les rues.
Le marché du mercredi, lieu d’échanges
C’est un rendez-vous incontournable du quartier Europe, le mercredi matin, semaine après semaine : le marché. Fruits, légumes, poissons, poulets rôtis… le long de l’avenue de l’Europe, des fumets alléchants s’échappent des étals. Mustafa se tient devant un stand aux couleurs vives, où sont exposés citrons, poires, bananes, clémentines… Il fait goûter des quartiers d’agrumes aux passants. « Ce marché me donne envie de venir travailler ! Ici on peut rigoler, il y a la tchatche… », affirme l’homme, qui travaille avec son oncle et sa tante. « C’est un bon marché, il y a du monde. On connaît bien les clients », confirme Yanis, poissonnier.
La tolérance, c’est leur credo
Penchés sur leurs petites toiles carrées, dans la cour du centre socioculturel Europe, les adolescents tracent des lettres : « T », « O », « L »… En ce début de mercredi après-midi, les jeunes décorent, ajoutent des couleurs et des motifs. Ils échangent et rigolent. Chaker Klai, l’animateur, garde un œil attentif mais les laisse autonomes. Chaque tableau fera partie d’une frise où on pourra lire le mot « Tolérance ».
C’est un concept qu’ils connaissent bien, maintenant. Depuis septembre, le groupe de jeunes se rassemble tous les mercredis et pendant les vacances scolaires pour travailler sur des projets autour de la tolérance. Ces activités font partie du dispositif « Ville Vie Vacances », financé en partie par l’Etat et Colmar Agglomération.
Une exposition en préparation
Dans ce cadre, les ados ont réalisé de nombreuses activités artistiques et citoyennes. La frise « Tolérance » fera par exemple partie d’une exposition qu’ils ont construite. Ils ont aussi participé à l’action « J’aime mon quartier propre », au cours de laquelle ils ont ramassé 350 kg de déchets.
Le groupe a réalisé bien d’autres choses, et a encore des projets dans les cartons. Lina, Wieme, Kawtar, Pascal, ou Michel… Les ados prennent ces actions à cœur. « J’ai bien aimé le nettoyage du quartier. On s’amuse et on fait quelque chose d’utile. C’est mieux que de rester chez soi sur son téléphone ! », se réjouit Lina. « L’initiation au graff m’a plu, c’était la première fois que j’en faisais », confie Kawtar.
« Ce dispositif permet de sensibiliser nos ados à la tolérance, qui seront les citoyens de demain », souligne Chaker Klai. L’aventure se terminera par un voyage à Marseille, en août.
Le centre socioculturel Europe propose une multitude d’activités pour les adultes et les jeunes.
Il nous parle de son quartier d’enfance…
Houssam Seghieri, 27 ans.
A grandi dans le quartier Europe à partir de ses 9 ans, maintenant interne en médecine.
Quel meilleur souvenir gardez-vous du quartier ?
“ C’était à l’école Anne-Frank, grâce à ma maîtresse, qui m’a accompagné au CM1 et CM2. Elle nous proposait beaucoup de sorties : classe verte, ski… Et elle m’a toujours soutenu, elle était derrière moi. Je lui dois beaucoup. ”
Vivre l’art à la Salle de spectacles Europe
Depuis 2014, cet espace est au service de l’art et des artistes permet au plus grand nombre d’accéder aux spectacles. Sa programmation privilégie le cirque et les arts vivants. Il favorise aussi la pratique artistique : des résidences sont régulièrement organisées, mais aussi des ateliers, des rencontres avec le public ou encore des interventions auprès des écoles ou associations.
A l’Asti, la solidarité comme maître-mot
Pièce par pièce, Nicolas et Sarah tentent de compléter un puzzle, avec l’aide d’Anne-Marie. Ils sont installés dans une salle de l’Asti, l’Association de Solidarité avec Tous les Immigrés, rue d’Ammerschwihr. Dans une autre salle, au calme, Sébastien se concentre sur des exercices de mathématiques avec Mohamed, un animateur.
On est jeudi, en fin d’après-midi. C’est l’heure du soutien scolaire à l’Asti, dans le cadre du Clas (Contrat local d’accompagnement scolaire). Dans chaque pièce, les enfants de primaire travaillent, mais toujours dans une bonne ambiance. « C’est une ruche ! », sourit Marie-Christine Gindensperger, la présidente de l’Asti.
L’accompagnement scolaire est dispensé quatre soirs par semaine aux enfants de l’école élémentaire et deux soirs aux collégiens. Au programme : aide méthodologique en se basant sur les devoirs, jeux éducatifs, bricolages, animations… L’objectif est de donner aux enfants les ressources pour réussir à l’école. « Nous menons aussi divers projets pour favoriser le vivre-ensemble, la découverte culturelle, le lien intergénérationnel… », complète Véronique Clo, la responsable du programme.
L’Asti, dont le siège est situé à la Maison des associations, mène de multiples missions solidaires et de proximité. En plus du soutien scolaire, l’association propose de l’accompagnement social, des cours de français, ou encore des séances de gym douce.
Un Espace France Services
Qu’est-ce que l’espace France Services ?
Cet espace permet aux habitants d’avoir accès aux services publics près de chez eux. C’est un dispositif mis en place par l’Etat à travers la France entière. Celui de Colmar est porté par l’association Face Alsace.
Quels services sont offerts ?
Les habitants peuvent trouver une aide dans leurs démarches administratives du quotidien, dont les démarches en ligne. Lors des permanences des structures partenaires, des prestations de conseil peuvent aussi être dispensées.
Où se trouve-t-il ?
Il est situé au 5 rue de Zurich, dans un bâtiment qui accueille déjà l’antenne Ouest de la Mairie.
Quels jours est-il ouvert ?
Du mardi au samedi de 8h30 à 12h, et sur rendez-vous de 13h30 à 17h. Le samedi de 9h à 12h.
Quand les habitants construisent leur quartier
Les habitants sont les premiers concernés par les projets de renouvellement urbain. Voilà pourquoi il est important de recueillir leurs attentes. Cette démarche a été entreprise dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, dans lequel de nouvelles mutations urbaines sont prévues.
Dans le cadre de la convention avec l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), la Ville de Colmar investit pour améliorer l’attractivité et la qualité de vie du quartier Saint-Vincent-de-Paul.
Au programme :
- réhabilitation et extension du centre socioculturel le Pacific,
- réhabilitation du centre socioculturel le Florimont,
- réhabilitation du square des Vignes,
- construction d’un nouveau gymnase à l’emplacement de la cité Bel’Air,
- création de nouveaux espaces publics
Des temps de concertation avec les habitants
De nouveaux espaces publics vont apparaître entre le gymnase, le pôle Petite enfance et le Centre socioculturel. L’objectif est de définir ces espaces en fonction des attentes des habitants et des besoins des usagers des équipements publics voisins.
Avec l’appui de sociologues et d’urbanistes, des temps de concertation ont été menés en janvier et février avec les habitants. Ces échanges ont permis de réaliser une cartographie des usages, qui servira de socle à la conception de ces espaces par la Ville.
L’habitat renouvelé
Les bailleurs sociaux mènent aussi des opérations d’envergure dans le quartier. Pôle Habitat, par exemple gère la rénovation de la cité Sigolsheim, la démolition de la cité Lemire, la construction de 10 logements sociaux et de locaux destinés à des professions médicales rue de Riquewihr.
La construction de 10 logements sociaux et la construction d’un programme d’accession à la propriété rue de Hunawihr. En matière de relogement, un travail important est réalisé pour tenir compte des besoins et des aspirations des locataires.
Médiateurs de rue : une présence de proximité
Ils arpentent les rues des quartiers Ouest, vêtus de leurs gilets verts. Ce sont les médiateurs de rue. Bakhta Boutouba et Loïc Greiner nous en disent plus sur leur métier.
En quoi consiste le métier de médiateur de rue ?
Loïc Greiner : On va à la rencontre des habitants, dans la rue, pour faire passer des informations, les orienter ou les accompagner dans leurs démarches. On est des relais entre les habitants et les administrations.
Comment abordez-vous les habitants ?
Bakhta Boutouba : Au bout de deux ans et demi, une relation de confiance s’est installée. Les gens nous interpellent, ils nous connaissent. Certaines personnes ne feraient pas la démarche d’elles-mêmes. D’où l’importance d’occuper l’espace public. être en binôme, c’est un plus.