Pas besoin de traverser la France pour entendre les vibrations d’une cornemuse : cet instrument compte plusieurs musiciens en Alsace, dont Solène Cohergne. Elle fait partie du groupe de musique Les Derries basé à Colmar.
« Je suis tout de suite tombée amoureuse de cet instrument. » Pourtant, Solène Cohergne a 18 ans quand la cornemuse débarque (officiellement) dans sa vie. Elle la découvre à l’occasion d’une fête organisée sur le lieu de travail de son père, où un joueur de cornemuse écossaise vient faire une démonstration. Et c’est le coup de foudre. « Une évidence », affirme-t-elle. La cornemuse, instrument à vent fonctionnant avec des anches et une poche d’air, est typique en Écosse ou en Bretagne. Mais il existe de nombreuses variétés à travers le monde, et une quinzaine en France.
Originaire d’Orbey, la musicienne de 31 ans baigne dans la musique depuis ses jeunes années, sa mère pratiquant la harpe celtique. La culture celtique, irlandaise, médiévale a toujours fait partie de sa vie. Son univers privilégié, dans laquelle elle aime se plonger, se compose de nature, de lecture et de contes celtiques.
La musette du Centre
À l’âge de 8 ans, elle choisit d’abord d’apprendre à jouer du violon, « un instrument très présent dans la musique irlandaise », note-t-elle. Solène Cohergne se forme aussi au chant pendant son adolescence.
Quand elle se lance dans l’apprentissage de la cornemuse, elle se tourne vers un musicien d’Orbey qui lui présente différents types de cornemuses. Elle choisit la musette du Centre, appelée aussi la Berrichonne, une cornemuse assez légère à deux bourdons. « Elle est originaire de la région du Morvan et du Berry. » L’instrument phare du roman Les maîtres sonneurs de George Sand, que Solène a lu. Elle suit des cours pendant 2 ans, puis continue seule. « Dans la cornemuse, il s’agit de dissocier le fait de gonfler la poche et appuyer avec le bras, avec le fait de jouer. Mais j’y trouve une certaine facilité : je pourrais en jouer des heures », explique la sonneuse, qui est en reconversion professionnelle pour travailler dans la forge et la métallerie.
« Pas mal de bricolage »
Comme tout instrument, la cornemuse demande un certain soin. Pour des réparations importantes, Solène se rend chez un facteur spécialisé, dans le Morvan. Mais, au quotidien, « cela implique pas mal de bricolage » : remplacement des anches, des fils de ligature, etc. Elle se souvient bien de la Saint-Patrick 2023 au Grillen (salle de musiques actuelles de la Ville de Colmar) . Ce soir-là, avant de monter sur scène avec les Derries, la valve de son instrument se casse. Elle doit la réparer en urgence avec les moyens du bord, colle forte et ruban adhésif, n’ayant pas de valve de rechange sous la main (elle en retrouvera une quelques mois plus tard).
Sa cornemuse l’accompagne en répétition et sur scène depuis maintenant 12 ans. Depuis 2022, elle fait partie du groupe de rock irlandais Les Derries (lire ci-dessous). Elle officie à la cornemuse et au chant dans un duo « non officiel » formé avec un ami joueur de bouzouki, vièle et guitare. Et intervient sur le lieu de travail de son père, marchant sur les pas du musicien qui a inspiré sa passion pour cet instrument, à l’origine.
Les Derries : embarquez dans un voyage musical festif
Formé en 2020 d’abord sous le nom de Fenrir Howl, le groupe Les Derries est constitué de 7 musiciens : Solène (cornemuse), Manon (flûte), Maxime (batterie), Mathieu (violon), Julien (chant), Nicolas (guitare) et Thomas (basse). Entre compositions et reprises de titres bien connus, les Derries proposent un rock irlandais entraînant et évocateur. « Les légendes celtiques ou encore l’histoire de l’Irlande inspirent notre compositeur : l’un des morceaux fait référence aux “merrows”, des créatures semblables aux sirènes, tandis qu’un autre évoque la grande famine irlandaise », détaille Solène.
Cette troupe communique une énergie sans pareille sur scène. Parmi les concerts marquants, les musiciens ont participé aux soirées “Saint-Patrick” organisées par l’association Aching au Grillen, la salle de musiques actuelles de la Ville de Colmar, en 2023 et 2025. Ou encore au festival Chipo’Zik à Mulhouse fin mai 2025, où ils ont partagé la scène avec les groupes Celkilt et Bézèd’H, « une soirée incroyable », souligne Solène. « On a cette chance, dans les Derries, de s’entendre très bien. Il y a une franche camaraderie, et ça apporte quelque chose en live. »
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