En 1943, il traverse les Pyrénées, est fait prisonnier, puis s’engage dans le 1er régiment de chasseurs parachutistes. Raymond Locci sera blessé lors de la bataille de Jebsheim, le 27 janvier 1945, dans le cadre de l’offensive pour libérer la Poche de Colmar. Retour sur son parcours hors du commun.
Ce qu’a vécu Raymond Locci pendant la Seconde Guerre mondiale tient de l’épopée. Né au Luxembourg, il grandit à Vittel puis à Saint-Dié-des-Vosges. La guerre éclate quand il a 14 ans. Fin 1943, Raymond Locci est arrêté par les Allemands et intègre le service encadré du travail. Il travaille dans une usine à Nancy. Sur l’uniforme apparaît la francisque, emblème du régime de Vichy.
Le 10 mars 1944, Raymond Locci et son ami Fred Gri s’enfuient. Les deux compères prennent le train de Champigneulles à Paris avant de se diriger vers Lourdes. Leur objectif : l’Espagne, pour rejoindre ensuite la France libre. À Lourdes, ils sont recrutés par les FTP (Francs-tireurs partisans) et emmenés au maquis d’Oloron-Sainte-Marie. Une expérience émaillée de mauvais souvenirs.
« On l’a fait sans y penser »
Là encore, Fred Gri et lui décident de s’échapper. Ils sont à pied. « Une dame assez âgée, dans une ferme, nous a donné des pommes de terre cuites », raconte Raymond Locci. C’est la dernière maison qu’ils croisent avant la traversée des Pyrénées. Pendant 3 jours et 2 nuits, ils marchent dans la neige avec des températures allant jusqu’à -20°. « On attendait que la neige soit gelée pour éviter de s’enfoncer. » Pas de guide, pas d’équipement, rien que des bâtons de berger. « On a eu une chance inouïe. On l’a fait sans y penser », avoue-t-il.
Arrivés en Espagne, les deux hommes sont emprisonnés successivement à Jaca, à Saragosse, dans le camp de concentration de Miranda puis dans un camp pour mineurs près de Bilbao. La Croix-Rouge les envoie ensuite au Maroc. Le 17 mai 1944, Raymond Locci et Fred Gri s’engagent dans le 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP). Ils participent à la campagne d’Italie puis sont aéroportés à Valence.
Le 1er RCP prend part aux combats dans les Vosges, puis dans la vallée de Kaysersberg. Début 1945, les Alliés lancent l’offensive pour libérer la Poche de Colmar. Une terrible bataille est menée à Jebsheim. « C’était un “petit Stalingrad”. Il y a eu plus d’obus au mètre carré qu’à Verdun ! » Le 27 janvier, dans le cadre d’un bombardement d’artillerie dans le bois du Moulin, Raymond Locci est blessé au pied gauche et à l’épaule droite. Deux jours plus tard, le 29 janvier, la commune est définitivement libérée.
Après les soins à l’hôpital et la convalescence, Raymond Locci réintègre son régiment en août 1945. Aujourd’hui âgé de 98 ans, l’ancien soldat se rend tous les ans à la commémoration de la libération de Jebsheim. « L’accueil est formidable », assure-t-il, avant de conclure : « On est capable de tout, si on le veut. Au pied de la chaîne des Pyrénées, on ne s’est pas dit que c’était infranchissable. »
Du 31 janvier au 3 février 2025, la Ville de Colmar et Colmar Agglomération offriront un hommage populaire d’ampleur à l’occasion du 80e anniversaire de la libération de la Poche de Colmar.
Plus d’infos sur colmar.fr/liberation