Colmar Agglomération a récemment adopté son Plan climat destiné à accélérer la transition écologique. Invité par la collectivité, le philosophe Dominique Bourg a exposé lors d’une conférence à Colmar les effets et les enjeux du réchauffement climatique. Le point en quelques phrases clés.
L’été 2023 a été le plus chaud jamais enregistré dans l’histoire de l’humanité. Un constat de l’observatoire européen Copernicus, qui est révélateur du réchauffement climatique que connaît actuellement la Terre. Symptôme de ce dérèglement, une canicule tardive et intense s’est abattue en France fin août.
Colmar Agglomération, qui a adopté son Plan climat air énergie territorial (PCAET) en 2023, a souhaité sensibiliser les habitants à ces questions. Lors d’une conférence organisée à l’IUT de Colmar le 20 juin 2023, le philosophe-environnementaliste franco-suisse Dominique Bourg a évoqué l’impact du changement climatique sur l’environnement et les modes de vie.
1- « Sans effet de serre naturel, il n’y aurait pas de ville de Colmar, pas de France, pas d’Europe. »
Pour comprendre le réchauffement climatique, il faut d’abord comprendre l’effet de serre. Ce phénomène, naturel, a permis de créer des conditions favorables au développement de la vie sur Terre. La présence des gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, etc.) permet de retenir une partie des rayons infrarouges du soleil, et ainsi de réchauffer la planète. « Sans effet de serre naturel, la température moyenne sur Terre serait de -18 degrés », expose le conférencier à ses auditeurs rassemblés dans l’amphithéâtre universitaire au Grillenbreit (Colmar). « Non seulement il n’y aurait personne dans cette salle, mais il n’y aurait pas de ville de Colmar, pas de France, pas d’Europe, pas de vivant. C’est une petite partie de la composition de l’atmosphère qui rend la Terre viable pour les êtres humains et les autres espèces. Or, les êtres humains se sont mis en tête de changer les quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. » En effet, le réchauffement climatique actuel est en grande partie provoqué par les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines.
2- « Le réchauffement que nous connaissons est très rapide. »
Dans son histoire de 4,5 milliards d’années, la Terre a connu de nombreux changements climatiques. Mais le rythme du réchauffement actuel est sans précédent. « Le réchauffement que nous connaissons est très rapide », confirme Dominique Bourg. « La température augmente très clairement sur Terre depuis la fin des années 1970. On a pris une augmentation d’1 degré en 50 ans. » En guise de comparaison, « au Quaternaire [période géologique qui a débuté il y a 2,6 millions d’années, Ndlr.], quand on passe d’une ère glaciaire à une ère interglaciaire, la température évolue d’1 degré tous les 1 000 ans. »
3- Le réchauffement climatique signifie que « cela devient plus difficile d’habiter sur Terre. »
Avec le dérèglement climatique, les risques d’apparition d’événements extrêmes s’amplifient. « Il y a les vagues de chaleur, les vagues de sécheresse, des inondations hors norme comme au Pakistan en fin d’été 2022, les mégafeux avec des flammes qui dépassent les 100 mètres, la grêle, les irrégularités de température… », liste Dominique Bourg.
Le réchauffement climatique est à l’origine de multiples bouleversements sur Terre, parmi lesquels on peut aussi citer la raréfaction de la ressource en eau. « L’ensemble de ces problèmes convergent vers une altération de l’habitabilité de cette planète », mais aussi vers « un affaiblissement de nos capacités planétaires à produire de la nourriture », expose Dominique Bourg. « C’est une altération à la fois qualitative et spatiale. La part vivable de l’espèce humaine sur Terre est en train de se réduire. Voilà ce que signifie le dérèglement climatique. Cela signifie que cela devient plus difficile d’habiter sur Terre. » Et le conférencier souligne : « Ce n’est pas de la science-fiction, c’est en train de se produire »
4- « C’est maintenant qu’on subit. »
Les rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) détaillent différents scénarios pour la fin du siècle, selon l’élévation des températures. Mais Dominique Bourg souligne que le climat est d’ores et déjà en train de changer. « C’est maintenant qu’on subit. Et on va encore plus souffrir dans la décennie qui vient, et celle d’après, etc. », explique-t-il. « On connaît une forme d’emballement depuis 2018. Dans l’ouest de l’Europe, à l’été 2022, il y a eu trois canicules. » Alors qu’elles étaient bien plus rares au siècle dernier.
« Fin juin 2019, en France, il a fait 46 degrés dans un petit village de l’Hérault. Deux ans après, un dôme de chaleur s’est déclaré au Canada. Imaginez qu’il fasse 50 degrés à Colmar : déjà, vous pouvez dire adieu à la climatisation. Elle défaillit, les réseaux défaillissent, le feu s’installe, y compris dans les petits squares. »
5- « On en train de refermer la période géologique qui nous a été la plus favorable. »
L’Holocène est une période géologique, au sein du Quaternaire, qui a démarré il y a près de 12 000 ans. « Cette période, qui fait suite au dernier rebond glaciaire, est extraordinaire dans l’histoire de la Terre. C’est elle qui va permettre le développement de l’espèce humaine, l’éclosion des civilisations, le développement de l’agriculture, etc. », explique Dominique Bourg. Mais les activités humaines et le réchauffement climatique semblent menacer cet équilibre. « On est en train de refermer la période géologique qui nous a été la plus favorable. »
6- « On peut avoir une vie agréable avec moins d’énergie et moins de matières. »
Dominique Bourg insiste sur le changement sociétal nécessaire pour pouvoir atténuer le changement climatique. Il préconise notamment d’adopter une mode de vie qui reposerait sur la « sobriété ». Ce concept implique la réduction des consommations d’objets et d’énergie pour réduire la pression sur les ressources. « Avec un seuil matériel beaucoup plus bas et intelligemment réparti, on peut maintenir notre confort. On peut avoir une vie agréable avec moins d’énergie et moins de matières », assure Dominique Bourg.
À l’échelle locale, des moyens sont d’ores et déjà déployés pour enrayer le réchauffement climatique et limiter ses effets. Dans le cadre de son Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), Colmar Agglomération a développé un programme d’actions sur des thématiques aussi variées que l’habitat, la mobilité durable, la préservation de la biodiversité, etc.
Retrouvez la conférence complète sur agglo-colmar.fr/pcaet
Le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) : des solutions au niveau local
Colmar Agglomération a adopté en juin 2023 son Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), une réponse locale aux enjeux globaux du changement climatique. Le PCAET constitue un projet territorial qui vise la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation au changement climatique, la sobriété énergétique, la qualité de l’air et le développement des énergies renouvelables.
Le Plan climat doit être considéré comme un outil opérationnel de la transition énergétique et écologique. L’objectif est de créer localement les conditions pour la mettre en œuvre à travers un plan d’actions (25 actions, 330 sous actions) et avancer efficacement sur ces questions importantes pour notre avenir.
Plus d’infos : agglo-colmar.fr