Jocelyne Boes alimente les pages de la plateforme collaborative Archi.wiki, site Internet qui recense les éléments du patrimoine notamment à Colmar. Passionnée par l’architecture Art nouveau, elle a un faible pour la gare colmarienne.
Un coup de sifflet retentit. Dans un bruit métallique, le train s’élance de la gare de Colmar. Les roues des valises raclent le bitume. Les voyageurs marchent, courent, poussent un vélo. D’autres patientent sur les quais. La vie d’une gare est un ballet incessant d’allées et venues : on se précipite, on se retrouve, on s’étreint, on se sépare, on part.
Et si on appuyait sur pause ? Rien qu’un instant, contempler la gare. Cela vaut le détour. Jocelyne Boes en sait quelque chose. Quand elle a pris sa retraite, la Colmarienne a suivi des cours d’histoire de l’Art à Strasbourg. « Je prenais le train au moins 3 fois par semaine », précise-t-elle. « C’était un plaisir d’aller à la gare, de lire dans le train. »
« Des détails de plus en plus riches apparaissent »
C’est aussi une passionnée de patrimoine. Depuis 20 ans, elle contribue à alimenter la plateforme grâce à ses recherches historiques. Née à Nancy, Jocelyne Boes est une grande amoureuse de l’Art nouveau, style architectural de la fin du 19e siècle et début du 20e siècle. Alors la gare de Colmar lui plaît beaucoup.
En la regardant depuis l’avenue Raymond- Poincaré, la gare de Colmar en impose, avec ses briques rouges soulignées par des pierres de taille en grès gris. « Au début, pour moi la gare était une forme. Puis, en s’y attardant, des détails de plus en plus riches apparaissent. Cette connaissance accentue le plaisir de la regarder. »
Inaugurée en 1907, la gare est un exemple caractéristique de l’architecture civile de la période allemande (1871-1918). Son aspect est souvent qualifié d’éclectique. La tour horloge, haute de 36 m, est d’inspiration néo-médiévale, tandis que le bâtiment incorpore de nombreux éléments Jugendstil (l’Art nouveau en Allemagne). Sur la façade de l’aile nord (qui abrite le restaurant), vous pouvez notamment observer des bas-reliefs représentant divers motifs floraux et végétaux, comme du houblon ou de la vigne, mais aussi des têtes de femmes sculptées, typiques du Jugendstil.
Vous verrez que les armes de la Ville de Colmar sont sculptées au sommet de la façade du hall central. Dessous, on peut lire l’inscription “Anno domini 1905-1906”, dates de construction de la gare. Et puis, la prochaine fois que vous emprunterez le passage souterrain, observez les armoiries des villes sculptées sur les clés de voûte, correspondant aux quais qui desservaient ces villes.
Ce qu’elle préfère
Les fenêtres à l’extrémité nord du bâtiment sont parées de vitraux. Voilà les éléments que Jocelyne Boes aime le plus au sein de la gare. Ces vitraux représentent une Lorraine et une Alsacienne, mais aussi un paysage de campagne et un châteaufort du massif vosgien. Leur carton préparatoire indique l’atelier d’Adolf Schell et Otto Vittali à Offenbourg.
Raccrochons les wagons
- 1842
La première gare de Colmar est inaugurée. Elle est située au débouché de la rue Bruat sur la rue de la Gare.
- 1902
Devant l’afflux des voyageurs, les travaux de construction d’une nouvelle gare sont lancés.
- 1907
La gare voyageurs ouvre ses portes, à la suite de la démolition de l’ancienne gare.
- 1991
Les deux verrières du hall central, soufflées en 1944 par l’explosion d’un train de munitions, sont remplacées par deux nouvelles verrières ornées d’oeuvres de Jean Le Gac.
- 2005
La construction d’un nouveau pavillon d’accueil, côté ouest, est entreprise. Les travaux s’achèvent 2 ans plus tard.
- 2024
La girouette en forme de locomotive, qui surmonte la tour, est retirée pour procéder à sa restauration.
Le saviez vous ?
La gare de Colmar a été construite sur le modèle de la gare de Gdańsk, en Pologne.