Saviez-vous qu’avant 1978, la rue des clefs était ouverte à la circulation des voitures ? En novembre de cette même année, la Municipalité met en place un nouveau plan de circulation, qui change la donne. Jetons un coup d’œil dans le rétro…
« 19 novembre 1978, un nouveau plan de circulation ». Avec un titre en lettres noires et rouges, le Point Colmarien numéro 27 annonce la couleur. De grandes flèches et des photos de rue agrémentent la couverture. On l’a compris : les règles de circulation dans le centre-ville vont changer, et le journal municipal donne tous les détails. A vrai dire, ses quatorze pages sont dédiées à cette annonce.
L’objectif du nouveau plan de circulation est, avant tout, de désengorger le centre-ville. Les automobilistes sont incités à le contourner via la “rocade” (boulevard Saint-Pierre, rues Schwendi, de l’Est, Saint-Eloi, du Nord, Golbéry, etc), tandis que le secteur piétonnier est élargi. Adopté en conseil municipal deux ans avant son instauration, ce plan a été précédé par quelques mesures préparatoires : l’aménagement de la rue des marchands, la création d’une zone pour piétons de la rue des boulangers à la place des Dominicains, mais aussi la création de parkings proches du centre-ville.
« Les piétons pourront flâner et se promener »
Le 19 novembre 1978, une nouvelle étape est donc franchie : la rue des clefs, en particulier, devient piétonne. Ceci dit, la Municipalité souhaite laisser l’accès aux autobus. Les automobilistes qui veulent accéder à la place de la Cathédrale, quant à eux, doivent passer par la rue étroite. Pour aider les habitants à s’y retrouver, le journal municipal publie une grande carte précisant les sens de circulation dans le centre-ville.
En parallèle, les habitants sont encouragés à se garer sur les parkings à proximité. Il est précisé également que le secteur piétonnier est accessible aux véhicules motorisés avant 11h et après 18h30 notamment pour les livreurs et les riverains.
Dans son éditorial, André Bianchi, alors adjoint au maire, précise les raisons de ces changements : « Il n’est plus possible de continuer à adapter le centre-ville à la demande sans cesse croissante de la circulation automobile. » Plus loin, il ajoute : « Le samedi après-midi, toujours rue des clefs, les trottoirs sont encombrés, les gens se bousculent… et les deux tiers de la rue sont occupés par un flot continu de voitures ! Il n’est presque plus possible d’accéder aux magasins pour faire ses achats ! »
« Il n’est plus possible de continuer à adapter le centre-ville à la demande sans cesse croissante de la circulation automobile. »
André Bianchi, adjoint au maire Edmond Gerrer, dans le Point Colmarien de novembre 1978
En dernière page, le Point Colmarien finit sur une note positive : les avantages du plan de circulation pour les piétons et les cyclistes. « Les piétons pourront flâner et se promener sans être incommodés par une circulation agressive, bruyante, et polluante. Les cyclistes bénéficieront des mêmes droits. » Mais aussi : « Les habitants vivront dans un quartier plus calme ».
Depuis cette date, d’autres projets ont permis de piétonniser des secteurs du centre-ville : la rue des Unterlinden, ou encore la place de la Montagne-verte. La démarche s’est accélérée à partir de 2020, et des réflexions sont engagées pour la piétonnisation certains espaces, comme la rue des têtes. Dans ce cadre, une concertation pour connaître l’avis des habitants sur la piétonnisation a été lancée.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre 1978…Le Point Colmarien explique que cette nuit-là, cinq équipes d’ouvriers municipaux sont mobilisées pour découvrir 600 nouveaux panneaux de signalisation, poser 460 m linéaires de bordures de trottoirs, et peindre 600 m de ligne continue.