Pour la première fois, les festivités inaugurales du Friehjohr fer unseri Sproch, le printemps de la langue régionale, se déroulent à Colmar. Du 23 au 26 mars, diverses animations autour des langues alsacienne et platt sont proposées. Un programme concocté par l’OLCA (Office pour la langue et les cultures d’Alsace et de Moselle) et la Ville de Colmar. Isabelle Dietrich, directrice de l’OLCA, nous parle de l’intérêt de revaloriser la langue régionale.
Quelles sont les missions de l’OLCA ?
Isabelle Dietrich : L’office œuvre à la valorisation de la langue et la culture régionales, auprès des jeunes, du grand public, des communes, des entreprises et des acteurs de terrain, au travers d’actions multiples.
Pourquoi la langue alsacienne doit être revalorisée ?
I.D. : C’est la langue du territoire, la langue vernaculaire de notre région. Elle est le vecteur de la culture alsacienne et fait partie intégrante de l’identité régionale.
Après la Seconde guerre mondiale, on a arrêté de transmettre l’alsacien. A cause de sa proximité avec l’allemand, c’était mal vu de la parler. Il y a donc eu une rupture de la transmission familiale. C’est ce que nous devons rattraper aujourd’hui.
L’Alsace est un territoire qui porte des cicatrices. Mais revaloriser l’alsacien ne s’inscrit pas dans une revendication identitaire, c’est simplement une envie d’avoir le droit de garder la richesse de ce que nous sommes. Il faut lire la langue comme un élément de notre patrimoine.
Dans la vie courante, quel intérêt les Alsaciens peuvent-ils trouver à parler cette langue ?
I.D. : C’est une langue exceptionnelle, imagée et dotée d’une telle truculence ! En plus de l’intérêt patrimonial, culturel et affectif, il y aussi un aspect économique. Quand on maîtrise l’alsacien, il est plus facile de trouver du travail dans les pays germanophones, par exemple.
Comment vous adressez-vous aux plus jeunes ?
I.D. : Depuis quelques années, nous proposons par exemple un petit insert dans le carnet de santé des nouveau-nés. C’est une brochure de sensibilisation à la transmission de l’alsacien. Elle contient, entre autres, des berceuses dans toutes les langues d’Alsace et de Moselle. Nous aidons aussi à la formation des personnels périscolaires, et nous invitons les grands-parents à transmettre leur langue à leurs petits-enfants.
Par ailleurs, le fait de connaître cette langue permet un apprentissage plus facile de l’allemand, du luxembourgeois et de l’anglais
Isabelle Dietrich
Demandez le programme !
Les festivités inaugurales du Friehjohr fer unseri Sproch, à Colmar, se déroulent du mercredi 23 au samedi 26 mars. Spectacles pour enfants, animations musicales, conférences… Autant d’animations qui mettent à l’honneur la langue régionale. Ces événements sont proposés pour un large public – nul besoin de connaître la langue pour en profiter.
Samedi soir, la soirée de lancement du Friehjohr réunira de nombreux artistes alsaciens. Elle prendra la forme d’un concert ouvert au grand public.
Le printemps de la langue régionale se poursuit jusqu’en juin dans toute l’Alsace : rendez-vous sur le site du Friehjohr pour plus d’informations.