Des Sex Pistols à PIL : Johnny Rotten en trois vinyles à la médiathèque

À l’occasion de la tournée européenne du groupe PIL (Public Image Limited), le spécialiste de la musique underground Mathieu Marmillot nous raconte l’histoire de Johnny Rotten, figure punk incontournable, au travers de trois vinyles du Pôle média-culture Edmond-Gerrer (Colmar).

Mathieu Marmillot, l’auteur de cet article
Activiste musical depuis les années 1980 et spécialiste de la musique underground, Mathieu Marmillot a débuté comme animateur à Radio Colmar Pulse puis a fondé le label Parklife Records en parallèle de son groupe Manson’s Child. Chroniqueur chez Benzinemag et conférencier aux Dominicains de Guebwiller, il garde une passion intacte.
Il s’agit donc du Colmarien le mieux placé pour nous parler de Johnny Rotten à travers trois albums vinyles de la collection du Pôle média-culture Edmond-Gerrer de Colmar.

Johnny Rotten, PIL et Kamarad
Trublion de la scène punk rock londonienne des années 1970 et 1980, Johnny Rotten a été chanteur des Sex Pistols avant de fonder le groupe PIL. La formation britannique est en ce moment en tournée européenne. À noter que les Colmariens du groupe Kamarad [kamaradband.com] auront l’honneur d’assurer la première partie de leur unique date en terre alsacienne, le 31 octobre.

Le 28 octobre 2077, les mélomanes les plus avertis célébreront le centième anniversaire du sulfureux album “Never Mind The Bollocks, Here’s the Sex Pistols” soit douze missiles punk qui saboulent le passé pour mieux poser ses jalons. Vous avez dit “No future” ?
À l’origine des Sex Pistols, on trouve trois types de la classe populaire londonienne. Le guitariste Steve Jones est un délinquant à la petite semaine qui fait une fixette sur le glam rock et les Small Faces. À la basse, le compositeur Glen Matlock s’enflamme pour les Kinks, Can et les Beatles. Quant à la batterie, elle est tenue par Paul Cook, admirateur de T.Rex et Roxy Music et accessoirement copain d’enfance du guitariste.

Un succès foudroyant

Le trio recrute au chant un véritable marginal aux cheveux verts. Ses dents gâtées lui valent le surnom de Johnny “Rotten” (“pourri”, en anglais). Son tee-shirt « I Hate Pink Floyd », qu’il aborde à Londres en 1975, annonce la couleur. Johnny Rotten est un original nihiliste, qui derrière le micro ne laisse pas indifférent. Ses paroles sont antimonarchiques, anarchistes et dépeignent la face sombre de la société britannique. Bref, le gars a tout pour plaire dans cette Angleterre en crise qui redoute l’avenir.

Leur unique disque “Never Mind The Bollocks, Here’s the Sex Pistols” va connaitre un succès foudroyant bien que banni de toutes les playlists de la BBC. De scandales en affaire d’état, il n’y a qu’un pas, et les Sex Pistols le franchissent avec des titres comme “God Save The Queen” et “Anarchy In The UK”. Musicalement, le groupe punk anglais puise autant dans le rock animal d’Iggy Pop and the Stooges que le glam des New York Dolls sans oublier le groupe allemand Neu! et son titre proto-punk “Lila Engel” paru en 1973 dont Johnny Rotten est fan. Il est évident que sans les Sex Pistols, pas de Clash, Damned ou Billy Idol.
Glen Matlock est remercié alors que le disque n’est pas encore sorti, pour laisser place à Sid Vicious, véritable provocateur. L’apprenti bassiste est réputé pour ses bagarres et frasques en tous genres. Ce mauvais casting sera fatal à l’équilibre déjà fébrile du groupe. Sid Vicious découvre l’héroïne qui finit par l’emporter à New York en février 1979, après avoir été accusé du meurtre de sa petite amie, drame qui sera relaté dans le film “Sid & Nancy”. Le groupe se sépare après une ultime tournée américaine qui vire au désastre en janvier 1978. Clap de fin du mouvement punk historique.

Le chanteur John Lydon fonde PIL

Johnny Rotten reprend alors son nom civil de John Lydon. Fatigué d’être régulièrement agressé et présenté comme l’ennemi numéro un par les tabloïdes anglais, le chanteur aspire à autre chose. Il fonde PIL (Public Image Limited) et sort en décembre 1978 le bien nommé “First Issue”. Cet album avant-gardiste mixe des sonorités dub et tribales et s’inspire de la Kosmische musik allemande. Dans ses textes il brocarde la religion, dénonce le cynisme politique et la société de divertissement, avec une arrogance dont lui seul détient le secret. Jusqu’en 1983, PIL va bousculer les codes du rock avec une audace salvatrice. La basse monstrueuse de Jah Wooble associée aux guitares injectées et cristallines de Keith Levene participent à l’avènement du post-punk et de la new-wave. Mais des problèmes comportementaux récurrents obligent John Lydon à s’en séparer. Seul aux commandes et cette fois entouré de musiciens aux ordres, il s’offre même un tube improbable avec “This Is Not A Love Song” en 1984. Jusqu’à sa séparation en 1993, PIL sortira des albums honorables mais dépourvus de toute fulgurance.

Un seul sort du lot, l’album “Happy” (1987) et ses tubes “Seattle” et “The Body” qui resteront la quintessence de ce nouveau son américain. Les guitares sont signées John Mc Geoch (ex-Siouxsie and The Banshees et Visage) et confirment une approche plus commerciale qui sied parfaitement à la chaîne télévisuelle MTV. Reste la voix de John Lydon, reconnaissable et toujours captivante. Il reforme PIL en 2009 avec d’anciens membres de formations new-wave anglaise. En 2023, l’album “End of World” voit le jour, dédié à son épouse Nora Forster décédée en février de la même année. John Lydon et PIL sont même candidats pour l’Eurovision sous le fanion irlandais. No Future, qu’il disait.

Prêt de vinyles : mode d’emploi

Le Pôle média-culture Edmond-Gerrer de Colmar offre un large de choix de vinyles à emprunter. Plus de 1100 disques attendent les abonnés. Des albums de pop, rock, jazz, blues, soul, chanson française ou musique de film, des années 1950 à aujourd’hui…

Il est possible d’emprunter jusqu’à trois disques vinyles à la fois, pour une durée d’environ quatre semaines renouvelable une seule fois. Ils ne sont pas réservables en ligne et doivent être sélectionnés sur place. Une charte d’engagement doit être signée par l’utilisateur.

+ d’infos : bibliotheque.colmar.fr

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