Avec l’arrivée du printemps et le réveil de la nature, suivons le cours des rivières et ruisseaux de Colmar. Chacun à sa manière s’ancre dans l’histoire de la Ville.
Grâce à la nappe phréatique alsacienne qui s’étend sous son territoire et l’Ill, deuxième cours d’eau de la région, qui l’effleure à l’Est, la Ville bénéficie d’une situation hydrographique intéressante. En outre, Colmar est arrosée de différents ruisseaux et rivières qui ont assuré tout au long de son Histoire sa prospérité agricole, commerciale et industrielle.
A l’Ouest, la Fecht, venant de la vallée de Munster, contourne la ville par le Nord. Au Sud, et en provenance de la vallée de Guebwiller, la Lauch traverse Colmar sur quatre kilomètres avant de rejoindre le port du canal. Cette rivière, de même que la multitude de Graben (fossés), ruisseaux et autres affleurements de la nappe phréatique, a favorisé le développement exceptionnel de la culture maraîchère colmarienne et ce depuis le Moyen Age. Les cultivateurs profitaient également de la Lauch pour transporter leurs produits par la voie des eaux, depuis leurs parcelles jusqu’au marché de la Krutenau (actuelle rue Turenne) ou vers les halles du marché couvert. Dans les années 1930, on comptait environ vingt-cinq de ces fameuses embarcations à fond plat. Les événements aujourd’hui animés par l’association des Bateliers de la Lauch et la société “Sweet Narcisse” témoignent de la vivacité de cette tradition.
Un cours d’eau aux multiples identités
Enfin, Colmar est arrosée par un canal de dérivation de la Fecht dont le tracé a modelé le visage de la cité. Ce cours d’eau revêt en effet de multiples identités selon les quartiers traversés, signe de son importance dans la vie économique de Colmar. Sous le vocable de Logelbach, il pénètre en ville par l’Ouest, longe les anciennes usines à papier et filatures (établissements Haussmann et Herzog) et donne son nom à tout ce quartier partagé entre Wintzenheim et Colmar. Au niveau de la rue des Poilus, il se divise en deux bras.
Le premier pique vers le Nord où il rejoint successivement la rue de la Cavalerie, la rue du Pigeon, la route de Neuf-Brisach et se jette finalement dans le port du Canal. Cette portion prend le nom de Brennbaechlein en référence aux bouilleurs de cru et distillateurs qui s’étaient installés sur ses rives depuis le XVIe siècle et dont les eaux-de-vie étaient réputées dans tout le Rhin Supérieur. Elle traverse un paysage pittoresque de saules, de passerelles, de maisons à loggias et d’anciens lavoirs, comme en témoigne le quai dit « des lavandières », situé à proximité.
Des portions souterraines révélées au grand jour
Le second bras prend la direction du Sud-Ouest et atteint ainsi la place de la Sinn (du verbe Sinnen : jauger), lieu où l’on contrôlait autrefois les poids et mesures. Le Sinnbach, de son nom, se dirige ensuite vers la place des Martyrs puis vers la place de la Cathédrale et la rue de l’Eglise. Là, il devient le Muhlbach, allusion aux différents moulins qui y étaient implantés et dont le dernier a fonctionné jusqu’en 1877. Il poursuit son périple vers le quartier des tanneurs, et prend donc le nom de Gerberbach, et rejoint finalement la Lauch derrière le marché couvert.
Axe industriel et économique intéressant, ce cours d’eau revêt également un indéniable attrait esthétique. En témoignent les différents travaux de la municipalité pour remettre à ciel ouvert des portions entières qui avaient été enterrées. Citons ainsi les chantiers de mise à découvert des eaux au niveau de la place de la Sinn (2001-2002), de la place de l’Ancienne-Douane (2004) et de la rue de l’église (2010).