Depuis le début des fouilles archéologiques sur la place de la Cathédrale, en mai, les archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont réalisé des découvertes de premier plan.
Espace central et emblématique, la place de la Cathédrale a le potentiel de révéler de précieuses informations sur l’histoire de Colmar. Elle doit être entièrement rénovée à partir du début de l’année prochaine. Au préalable, depuis mai et jusqu’à fin novembre, l’Inrap conduit des fouilles archéologiques. Ces recherches, prescrites par l’Etat, se concentrent sur l’étude du cimetière qui se situait autour de la Cathédrale, au Moyen-Âge.
À cet endroit, une aire funéraire s’est certainement développée dès le 11e siècle. Mais c’est à partir du 13e siècle que les sources historiques permettent de bien cerner l’organisation du cimetière, qui a fermé en 1770.
Un ancien mur d’enclos du cimetière
Commencées au Sud (côté ancien corps de garde), les recherches ont petit à petit basculé vers l’Ouest puis vers le Nord. En majorité, les spécialistes fouillent jusqu’à 70 cm de profondeur. Au Nord, ils descendent jusqu’à 2 m pour explorer l’emprise des fosses d’arbres.
Les archéologues ont découvert de nombreuses sépultures, qui permettront d’en apprendre davantage sur les populations colmariennes au Moyen-Âge. Dans l’une d’entre elles, une coquille Saint-Jacques percée a été trouvée, près des ossements.
En juillet, les fouilles ont permis de mettre au jour un ancien mur d’enclos du cimetière urbain. Probablement érigé en 1212, il atteint 85 cm d’épaisseur maximum. L’épaisseur et la solidité de la maçonnerie, entre autres indicateurs, suggèrent qu’il s’agit d’une fortification. Selon le tracé des deux tronçons retrouvés, ce mur semble enserrer l’édifice religieux qui a précédé la Cathédrale.
Ce mur et sa localisation illustrent la genèse du développement urbain de Colmar. Initiée par la fortification du cimetière, l’urbanisation se poursuivra plus tard par la construction de la première enceinte de la ville.
Par ailleurs, les vestiges d’un grand bâtiment, situé sur la rive droite du Muhlbach, sont apparus. Il a été démoli dans le courant du Moyen-Âge pour permettre l’extension du cimetière. Les archéologues ont également observé des traces du chantier de la Cathédrale, avec la présence d’une aire d’épandage de déchets liés à la taille de la pierre et d’un bassin d’extinction de chaux.
D’autres découvertes sont peut-être au programme, d’ici fin novembre. Actuellement, les archéologues se concentrent sur les fosses d’arbres au Nord de la place. Après la fin des fouilles, l’Inrap étudiera les vestiges pendant deux ans, en laboratoire, à Strasbourg.
Le saviez-vous ?
Le mur d’enclos récemment mis au jour est la première enceinte de cimetière urbain médiéval découverte en Alsace. C’est donc un des temps forts de cette campagne de fouilles archéologiques.